chapitre 6
Chapitre 6
Liberty commença à se frayer un chemin avec l’objectif de trouver des petites feuilles pour le matelas mais aussi des grandes pour le toit. Elle continuait de voir des arbres aussi bizarres les uns que les autres. Elle s’approcha d’un des arbres à la forme particulière mais qui contenaient des grandes feuilles de couleur bleue. Il ressemblait vaguement à une balançoire. Elle approcha la main pour voir si ces dernières ne piquaient pas. Ce fut le cas. Elle décida d’en couper quelques unes avec les mains. A peine en avait elle arracher une, qu’un petit être au corps blanc et aux ailes argentées se présenta devant elle et se mit à hurler :
- Dis donc, pour qui vous prenez vous ? Qui êtes vous et d’où venez vous pour oser abimer la nature et nos maisons ?
La petite créature avait un visage aux traits fins. Ses yeux aux couleurs or étaient immenses dans ce visage si petit. Le nez était aquilin et la bouche était rose comme si elle était maquillée. Quant aux oreilles, elles étaient petites mais pointues au bout, de minuscules petites fleurs servaient de boucles d’oreilles. Ses cheveux étaient blonds. Ils étaient longs mais attachés grâce à des petites feuilles roses qui faisaient office de barrettes. Sa jupe était constituée de mousse violette et son petit haut qui servait de soutien-gorge se trouvait être deux petits pétales identiques à ceux d’une marguerite jaune.
A peine avait elle fini de prononcer ces mots, que la jeune fille fut entourée comme par magie par des dizaines de petites fées se ressemblant toutes les unes des autres, à ceci près que certaines avaient des ailes plus ou moins grandes. Elles pouvaient se différencier également par leur couleur de cheveux et d’yeux et par les artifices dont elles avaient décidé de se parer. Mais au premier coup d’œil, on ne pouvait les discerner les unes des autres. Liberty se rendit compte que certaines d’entre elles avaient entre leurs mains, des petits bouts de bois qu’elles avaient taillé de telles sortes qu’ils ressemblaient à des aiguilles. La jeune fille était sûre que si les êtres féériques venaient à l’attaquer, cela lui ferait mal et la blesserait grièvement.
- Je suis désolée, bégaya Liberty étonnée. Je ne pensais pas à mal en faisant cela.
Et, elle leur raconta son histoire. Elle présenta brièvement ses copains et leur expliqua ce qui leur était arrivé depuis qu’ils étaient tombés dans le trou. Elle était en train de parler des cellules qu’ils avaient découvertes dans le tunnel quand une des fées l’interrompit :
-Ils ont trouvé la cellule de Bousemat, s’écria une autre fée paniquée.
D’un coup, il y eut un silence étrange et Liberty sentit que les fées avaient peur car elle les vit se reculer d’un seul coup au nom évoqué.
-Qui est Bousemat ? demanda t’elle inquiète en constatant leur réaction.
- C’est un être méchant, avide de sang, fit une fée qui se fraya un chemin parmi les autres pour se trouver nez à nez avec la jeune fille.
Elle avait des ailes argentées d’une grandeur immense et disproportionnées par rapport à son corps. Son visage d’une splendeur parfaite subjugua Liberty. Ses yeux étaient de couleur argent avec de grands cils or presque fluorescents. Son nez était petit, un peu recourbé, lui donnant un air malicieux. Sa bouche était constituée de lèvres bien ourlées de couleur vertes très claires. Elle avait des cheveux blancs tellement longs qu’ils dépassaient son corps et voletaient dans l’air. Quelques feuilles de couleurs vives ressortaient de sa chevelure et donnaient à l’ensemble une allure prestigieuse et grandiose. A son passage, les autres fées se courbèrent en signe de respect. Liberty supposa que c’était la reine de ce peuple miniature.
- Il se sert de nous comme source d’énergie. En nous attrapant, il boit quelques gouttes de notre fluide ce qui lui donne des pouvoirs. Nous ne savons que faire pour l’arrêter. Certaines de nos sœurs et nos frères, se sont mis de son côté afin d’être protégées. Ils nous cherchent et nous traquent pour trouver nos cachettes. Les feuilles de cet arbre que tu t’apprêtais à prendre sont pour nous vitales. Elles nous permettent de devenir invisibles quand nous nous mettons derrière elles. Coupées, elles n’ont plus de pouvoir et ne peuvent nous sauver. Ce type d’arbres est très très rare, c’est pourquoi nous veillons à ce que personne n’y touche. On le nomme l’invisibilus. Certains ont tellement de feuilles qu’ils pourraient également te protéger en cas de problèmes. Nous en prenons bien soin car sans eux notre eux, notre existence ne serait plus.
Liberty écoutait avec la plus grande attention le discours de la créature.
- Je ne me suis pas présentée, reprit la fée. Je suis Édeline, reine du peuple des fées blanches.
- Enchantée, répondit Liberty surprise de parler à des êtres miniatures. Elle fit la révérence en signe de respect. Je ne savais pas pour votre arbre et je m’en excuse. J’en parlerai à mes camarades pour qu’ils ne fassent pas la même bêtise que moi.
- Tes camarades ? demanda la reine d’un coup fortement intéressée.
- Oui, nous sommes tombés à trois dans le trou. Je suis ici avec deux copains qui s’appellent Sauveur et Devil. Ils se chamaillent assez souvent tous les deux mais ils sont gentils comme tout. Mais où nous trouvons nous ? C’est fou d’où l’on vient il n’y a pas de fées, d’arbres de ces formes et de fruits avec de telles couleurs.
Édeline la regarda de nouveau soucieuse et intriguée.
-Veux-tu dire que tu viens du peuple du haut ? De ces personnes qui détruisent petit à petit nos royaumes dans le monde en supprimant les forêts et en creusant partout pour construire des choses plus ou moins utiles ? Nous les appelons les abîme-tout.
-Euh, oui, lâcha honteusement l’adolescente comme si elle prenait la faute de tous les hommes à son compte. Mais nous ne sommes pas tous comme ça. Beaucoup se battent pour que la nature soit protégée, vous savez.
- Nous suspectons Bousemat de venir de ce peuple car il a les mêmes envies destructrices, la même avidité de pouvoir que vous autres.
La voix d’Édeline devenait menaçante et Liberty sentit les fées qui se rapprochaient de plus en plus d’elle la regardant fixement d’un air méchant. Certaines d’entre elles prenaient même de petites brindilles de bois très affutées qui pouvaient servir d’armes. La jeune fille commença à paniquer. La voix tremblante et les larmes aux yeux, elle gémit :
- Je vous assure encore une fois, je ne suis pas comme ça du tout. J’aime la nature et je déteste ceux qui détruisent les arbres, qui tuent les animaux sans défense. Je vous le promets.
La reine des fées se rapprocha de Liberty et, de ses tous petits doigts fins, toucha le front de la jeune fille. Cette dernière se sentit comme vidée d’un coup comme si quelqu’un essayait de rentrer dans sa tête pour découvrir tout ce qu’elle y cachait. Cette sensation la dérangea énormément et elle se dégagea.
- Je sens que tu es sincère, lâcha Édeline avec un air malicieux. Je viens de le constater en apposant ma main sur ton front. Cela me permet de savoir quelle est la vraie personnalité de l’individu qui est en face de moi. Cette faculté nous aide en outre à détecter si la personne qui nous parle nous dit la vérité ou un mensonge. C’est une des capacités que nous avons, nous autres, les fées blanches. Les fées noires, quant à elles, s’en servent pour perturber l’esprit d’une créature, quelle qu’elle soit. Elles peuvent même parfois intégrer dans l’esprit d’un quidam les informations qu’elles souhaitent pour le manipuler comme elles le veulent. Il vous faut donc vous méfier de cette engeance. Elles sont dangereuses et n’hésiteront pas à vous faire du mal si elles se sentent menacées.
Après ce discours emprunt d’un ton formel et sobre, la reine reprit son air doucereux et sa petite voix suave. Son attitude se fit beaucoup plus placide et détendue.
- Nous allons t’aider à te cueillir des feuilles et des branches qui vous permettront de vous reposer.
Peuple blanc, s’écria t-elle soudain avec une voix forte et puissante. Rassemblez tous vos frères et sœurs et coupez les branchages et les feuillages qu’il faut pour construire la cabane de notre amie.
Liberty aperçut comme magie des centaines de petites fées filles et garçons sortirent de partout. Les filles avaient une petite robe de couleurs différentes qui comportait quelques paillettes qui rayonnait au contact du soleil. Les garçons, quant à eux, étaient torse nu faisant apparaître leur musculature, avec un petit pantalon vert pour la plupart sur lequel il y avait également des petites billes brillantes. En se rapprochant, la jeune fille se rendit compte que les paillettes étaient en fait de purs diamants. Tout le petit monde se mit à vagabonder à droite et à gauche pour rapporter promptement ce que leur reine leur avait demandé.
Devil était encore énervé de la remarque de son copain. A l’intérieur de lui-même, il avait vraiment envie de se venger. Ce n’était pas la première fois que ce sentiment de rancœur lui parvenait. Il repensa aux élèves de sa classe qui se moquaient sans cesse de son physique et plus précisément de ses rondeurs existantes. Mais qu’est ce qu’il pouvait y faire ? Comme il était souvent seul , et pour ne pas mourir de faim, il lui arrivait très fréquemment de se faire des sandwichs ou de manger des choses faciles à cuisiner comme de la purée ou des pates. Ses parents trouvaient bien plus d’intérêt à retrouver une âme sœur pour refaire leur vie et leur fils, qui avait été tant choyé jadis, était devenu un véritable obstacle pour un bonheur futur. C’est pourquoi lors de rencontres, ils faisaient croire qu’ils étaient célibataires sans enfant et demandaient à Devil de se terrer dans sa chambre et de faire ce qu’il savait le mieux faire, à savoir jouer à l’ordinateur et se taire. Néanmoins et pour se déculpabiliser de leurs absences régulières, ils lui donnaient trois cents euros d’argent de poche chaque semaine afin qu’il puisse s’acheter ce qu’il voulait. Cet argent servait notamment à se procurer de la nourriture à des friteries ou des snacks bon marchés. Ce qui restait, il le dépensait à s’offrir des livres fantaisy qu’il lisait en deux, trois jours en général ou à louer des films avec des créatures mythiques ou féériques, bonnes ou cruelles avec un grand seau de pop-corn pour seule compagnie. Tous ces mets déséquilibrés lui avaient donné des boutons d’acnés sur tout le visage, ce qui le rendait encore plus laid. Heureusement qu’il avait Liberty. C’était elle qui l’avait pris sous sa protection et personne, dans le lycée ne comprenait qu’une fille aussi splendide puisse trainer avec un gars rondouillard avec des lunettes horribles. Tout comme Sauveur, lui aussi avait des sentiments plus qu’amicaux envers son amie. Il savait qu’il n’avait aucune chance mais il s’accrochait quand même à un infime espoir. Il connaissait également ceux qu’avait Sauveur vis-à-vis de Liberty et cela lui faisait peur. Que ferait il si un jour il sortait avec elle ?
Rien que d’y songer, il devenait fou de jalousie. Tout cela l’insupportait au plus haut point. Pour qui se prenait i-il ce bellâtre ? Après tout c’est lui qui avait eu l’idée de la cabane. Pourquoi s’était t-il permis de leur donner des ordres? Pourquoi lui obéirait t-il ?
- Et puis mince, fulmina à voix haute Devil. Qu’il aille se faire voir avec ses espèces de cordages. Je vais rentrer et lui dirait qu’il n’a qu’à aller les chercher lui-même. S’il n’est pas content, ce sera la même chose. Je ne vais pas me laisser faire.
Le jeune adolescent pestait souvent de la sorte sur des personnes mais arrivé devant eux, il s’écrasait mollement car il avait peur.
Il continuait de maugréer à voix haute en retournant vers le camp sans se rendre compte que six yeux aux pupilles rouges l’air menaçant le regardait et observait son comportement tout en souriant.